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Interview exclusive de Jean-Luc Imhof, directeur général chez KUKA Roboter.

Jean-luc IMHOf
Jean-luc IMHOf

 

Bonjour Monsieur Imhof pourriez-vous vous présenter et nous présenter la société Kuka ?

La société KUKA Roboter GmbH, dont le siège est situé à Augsbourg en Allemagne, appartient au groupe allemand KUKA AG. Elle est considérée comme l’un des fournisseurs leaders de robots industriels sur le plan international. Les compétences clés de l’entreprise regroupent le développement et la production ainsi que la commercialisation de robots industriels, de commandes, de logiciels et d’unités linéaires. L’entreprise est leader en Allemagne et en Europe. Le Groupe KUKA AG emploie environ 7 500 personnes dans le monde entier. En 2012, un chiffre d’affaires de 1,7 milliards d’euros a été atteint. L’entreprise est présente avec 25 filiales sur les marchés les plus importants d’Europe, des États-Unis et d’Asie. KUKA Roboter est présent en France avec 65 collaborateurs depuis 30 ans pour répondre à la demande française en robotique.

Notre mission en France est: « Humanisons la robotique ».
Cette mission est basée sur 3 fondements : la collaboration entre employés, la collaboration avec nos clients et la collaboration entre le robot et l’homme.

De formation ingénieur, je travaille chez KUKA depuis 2000. Depuis 2013, j’occupe la fonction de directeur général.
Alors que je voulais m’orienter dans des études de cuisine, c’est à l’âge de 14 ans que j’ai eu la révélation de la passion de la mécatronique et qui m’a conduit naturellement vers la robotique. Passion que j’ai aujourd’hui la chance d’assouvir dans le cadre de mon activité professionnelle.

Comment expliquez-vous l’engouement soudain au niveau mondial pour la nouvelle industrie de la robotique ?

A l’échelle de l’évolution des technologies d’aujourd’hui comme par exemple les smartphones, la robotique est relativement ancienne. Pendant de longues années elle est restée circonscrite à quelques industries manufacturières de production de masse comme l’industrie Automobile. Cependant les efforts des industriels en R&D, en rationalisation de la production, conjugués avec une augmentation de volumes,  ont permis de lever les principaux freins au développement industriel de la robotique à l’extérieur des gros consommateurs de masse que sont les fabricants automobiles. Ainsi, améliorant les performances, en simplifiant la mise en œuvre, en simplifiant la programmation et l’utilisation tout en réduisant les prix, les robots industriels sont devenus accessibles à toutes les entreprises et dans toutes les branches de métiers. Aujourd’hui la robotique dite « Industrielle » se trouve aussi dans les métiers de services comme les pharmacies ou les hôpitaux.

Cette évolution du robot n’a pas été le seul moteur de cet engouement. Il provient également de la rencontre d’une technologie avec une population mure pour accepter le robot. En effet aujourd’hui la configuration d’objet informatique est à la portée de tout le monde. Le mythe du robot qui prend le travail de l’homme n’existe plus. Au contraire le robot est synonyme de productivité et de fait est un générateur d’emploi. Dans notre vie professionnelle nous cherchons des emplois avec une forte valeur ajoutée et non des emplois où l’on manutentionne des objets lourds de façon répétitive. C’est justement là où le robot à son rôle à jouer.
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Cette tendance n’est pas qu’européenne ou française mais se retrouve également dans toutes les régions du monde et même en Chine qui deviendra sans aucun doute en 2014 le premier marché mondial de la robotique industrielle. Tu ne souhaites pas en profiter pour parler de l’ouverture  Kuka Shangai ?

Que pensez-vous du projet d’Amazone et Google de faire livrer des colis via des drones ?

Il est pour moi évident qu’à la suite de la dématérialisation du courrier grâce au monde numérique, il va y avoir dans les prochains temps des véhicules autonomes circulant sans pilote et cohabitant avec les véhicules dits traditionnels sur les infrastructures terrestres. Les essais en cours par Google dans la Silicon Valley ou encore certains véhicules autonomes en exploitation en site propre comme à la Rochelle montrent que techniquement nous sommes prêts. Reste cependant un très gros travail de standardisation et d’optimisation à réaliser. Pour permettre une bonne cohabitation et surtout rendre ces véhicules autonomes acceptables au niveau « coût total ». Un autre défi qui reste à relever, est la gestion de l’espace aérien. On a pu constater des exemples récents de drones ayant survolé des zones dites sensibles mettant en lumière un flou dans la réglementation. Donc oui je pense que dans un avenir proche nous aurons des taxis « sans chauffeurs » et nos courses livrées par des véhicules autonomes, puis dans un second temps on colonisera l’espace aérien.

Pensez-vous réellement que les particuliers auront leur propre robot comme ils ont aujourd’hui un smartphone ?

Cette question nous amène à la définition de ce qu’est un robot. Le mot robot est issu du mot tchèque voulant dire « corvée » utilisé dans une pièce de théâtre de  de l’auteur tchèque Karel Capek. C’est un système mécatronique ayant des capteurs, pouvant analyser les données de ces capteurs, pouvant décider des actions à réaliser en fonction de ces informations, et pouvant d’agir sur son environnement par des actionneurs.

Si l’on s’en tient à cette définition, oui les robots sont et seront encore plus présents dans l’environnement des particuliers. En fait on va trouver deux grands axes de développement. Le premier est déjà en cours de déploiement il comprend les robots très simples comme aspirateurs, tondeuses, et nettoyeurs. Il y aura encore, en la matière, des évolutions pour améliorer les performances, réduire les coûts et trouver des usages sur un périmètre plus large. Ceci générera une pénétration de marché plus importante.

Le deuxième axe de développement est ce que l’on appelle la robotique de service et là à court terme des robots utilisés en milieu professionnel arriveront bientôt dans nos ménages, principalement pour la surveillance. Les défis principaux étant de réussir à faire cohabiter tous les objets connectés de notre environnement pour que le robot ait à sa disposition toutes les informations nécessaires à l’exécution de sa mission (comme ce qui est mis en œuvre dans le cadre d’Industrie 4.0). Le robot sera alors le relais du système d’alarme et de surveillance, en cas d’absence ou de surveillance de personnes jeunes ou de personnes âgées. Il pourra également être l’assistant pour effectuer des tâches « difficiles » en collaboration avec l’homme.

Qui sont les leaders mondiaux de la robotique à l’heure actuelle ?

La robotique est dominée à l’heure actuelle par deux nations qui ont tiré profits de leur développement en matière de production automobile. Ces deux nations sont le Japon et l’Allemagne. KUKA étant une société allemande, vous comprendrez pourquoi  nous sommes leader en robotique pour le marché européen.

Comment voyez-vous l’évolution de robotique à très court terme ?

Avant d’avoir des drones qui vont nous apporter nos courses alimentaires commandées sur Internet, on va passer au niveau industriel par la mise en place de robots dit collaboratifs. En effet d’un côté l’industrie automobile cherche des pistes de progrès en matière de robotique sur les opérations de montage, et le robot collaboratif est une  réponse à cette demande. De l’autre côté l’industrie aéronautique passe de la production unitaire à une production à plus grande échelle et demande dans un environnement réduit beaucoup d’opérations de montage et d’assemblage. Egalement, le robot collaboratif est une  réponse à cette demande. De plus par la simplicité de mise en œuvre la robotique, va se développer sur des productions de petites séries. Le robot pouvant alors se déplacer d’un poste de travail à un autre en fonction de demandes clients en ligne avec la charge des moyens de production.
Exemple de la robotique du futur proche chez KUKA, le robot LBR IIWA (intelligent industrial work assistant).

Pour conclure, quel serait votre mot de la fin à nos lecteurs ?

Le robot est notre avenir : grâce à lui nous pouvons nous débarrasser des corvées et nous donner du temps pour nous consacrer à ce qui permet de nous épanouir.

Propos recueillis par Laurent Amar
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