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Le monde post-COVID : serait-il dominé par l’Intelligence Artificielle ?

L’époque du COVID a accéléré le transfert massif de nombreux domaines de notre vie vers le virtuel. Ce qui a transformé nos attitudes et notre comportement. A noter que l’expansion de l’e-commerce et celle des outils de communication virtuelle ont marqué le début de cette transformation.  A cela s’ajoute aussi le développement de l’e-learning, de la réalité virtuelle et d’autres avancées technologiques.

Les promesses du monde avant-COVID nous semblaient inspirantes avec le développement de l’intelligence artificielle et de l’informatique quantique. Sans oublier que celui des humains augmentés et la révolution du stockage… en font également partie.

Mais face à la situation actuelle, nous nous interrogeons comment cette pandémie changera notre façon de penser ? Comment affectera-t-elle notre façon de concevoir, construire, communiquer et enfin de vivre ?

Anaïs Honvault Zborowski et Mike Estarque ont partagé avec nous leur vision du monde post-COVID dominé par l’Intelligence Artificielle.  Ces deux acteurs et réalisateurs ont présenté leur concept d’un des scenarios possibles de notre avenir. C’était dans leur court métrage « Je suis le Monde d’Après » et lors du Nikon Film Festival (https://www.festivalnikon.fr/video/2020/1823).

Qu’est-ce qui vous a inspiré pour la création de ce film ?

 Anaïs et Mike : L’époque actuelle. On s’est basé sur les conditions de vie dans lesquelles nous vivons actuellement ainsi que sur les restrictions de libertés. On les a traduites sous différentes formes. Le « home resto », le fait que l’on vive dans des box, à l’étroit, gérés par l’Intelligence Artificielle qui nous dit quoi faire et comment, si l’on veut continuer de vivre. Mais également, le fait de payer l’oxygène pour pouvoir respirer (nous avons 2 représentations à travers ça : la bascule environnementale. Avec d’un côté le fait que nous soyons trop nombreux sur terre et que demain il n’y aura plus assez de ressources.

Donc, il y aura un prix à payer. Mais aussi, une métaphore imagée de la culture du « masque » qui est imposée. Aujourd’hui, on paie un masque pour pouvoir sortir de chez soi afin de « respirer » librement. Demain, ce sera l’air que l’on respire que l’on devra payer ?). On fait des rappels aussi avec « l’impasse Véran », l’altruisme, la notion de culpabilité, la manipulation psychologique. Et, en un peu moins développé (car le film doit faire 2 min 20 maximum afin de participer au festival Nikon), nous instaurons un monde dans lequel la nourriture n’existe plus que sous forme de liquide, par manque de ressources (que l’on mange un couscous ou une raclette, c’est du liquide, mais le goût y est).

Pourquoi avez-vous choisi la science-fiction comme genre cinématographique pour votre court-métrage ?

Anaïs : De mon côté je suis passionnée de film de science-fiction. J’aime pouvoir faire des projections potentielles sur les avancées technologiques du présent. Ce qui est bien avec la science-fiction, c’est qu’il n’y aucune limite. On peut totalement créer son propre monde.

Mike : Plus que la science-fiction, je dirais de l’anticipation. C’est grisant de pouvoir par exemple, extrapoler les conséquences (souvent mauvaises) que peuvent avoir les choix de nos dirigeants actuels sur notre futur, finalement pas si éloigné. L’anticipation peut porter un message social, environnemental ou politique, tout en nous laissant le choix d’imaginer des mondes plus fous, plus fantastiques, plus flippants les uns que les autres. Et c’est plutôt cool.

Dans la présentation de votre court-métrage, vous avez indiqué que le film nous présente un des scénarios possibles du monde post-COVID. Selon vous, quelles avancées technologiques peuvent présenter un danger pour l’humanité ?

Anaïs : L’intelligence artificielle nous permet d’avoir des avancées formidables en termes de soins et de recherches. Nous sommes dans une aire où les avancées technologiques connaissent une évolution exponentielle. Cependant, l’homme, à travers le temps, a toujours été avide de pouvoir, il en veut toujours plus et pense en premier lieux en termes de profit/ rentabilité. Si demain on créait une machine plus intelligente, mais aussi plus performante que l’homme physiquement parlant, le patron d’entreprise choisira la machine. Si la voiture peut se conduire seule, plus besoin de quelqu’un pour conduire le taxi.  Ça arrive au fur et à mesure (ex : métier de trader qui tend à disparaitre). La machine remplace l’homme. La machine dépasse l’homme.

Mike : Tout est histoire d’interprétation et dans ce cas précis, d’utilisation. L’homme a cette faculté à inventer des choses merveilleuses pour finalement les utiliser à des fins horribles. Et malheureusement, les exemples sont multiples.

Les deux caractères principaux de votre court métrage luttent pour leur survie contre l’IA et calculent leurs stratégies avec la précision de l’ordinateur, selon vous, comment l’IA peut influencer le comportement des humains ?

 Anaïs : Disons que si nous revenons à notre époque actuelle. Notre téléphone (et pas que…) délivre un stock d’information énorme sur notre vie et nos préférences grâce à la Big data (qui sont nos amis, quels sont nos loisirs, lieux de sortis, ce qu’on aime, n’aime pas, enregistrement transactionnels, etc…).  C’est assez simple de faire le calcul de tout ça pour diriger la pensée et influencer.

Mike : Aujourd’hui, des dizaines de millions de gens se font influencer par Kim Kardashian. Le jour ou une IA aura un compte Insta, ce sera la fin.

La créativité, la curiosité, la sensibilité, les émotions et les sentiments, la capacité à créer des liens sociaux et l’empathie sont considérés pour l’instant comme les domaines qui ne sont pas encore accessibles à l’Intelligence Artificielle, l’IA du monde post-COVID présentée dans votre film dépassera-t-elle les humains dans ces domaines ?

 Anaïs : Je pense qu’aujourd’hui nous en sommes qu’aux prémices concernant l’IA. Mais que c’est un secteur qui pourrait très vite évoluer. Dans « Le monde d’après », nous pouvons dire que l’IA dépasse l’homme en termes de créativité/curiosité. Mais qu’émotionnellement nous sommes restés sur de la froideur et le manque d’empathie. Pour faire le lien avec la question précédente. Je pense que l’homme pensera avant tout l’IA en termes de performance dans un but lucratif et donc l’émotionnel reste pour le moment secondaire.

Mike : Dépasser, surpasser c’est finalement très humain comme démarche. J’imagine, en tout cas dans un premier temps, quelque chose de binaire. Une barre, un zéro. Une faculté de calcul tellement hors norme qu’on appelle ça de l’intelligence. Ce qui est justement tout l’inverse quand on parle d’émotions. Sensations que même nous humains ne comprenons pas toujours. Je pense que l’IA pourra effectivement « reproduire » de manière incroyable et elle pourra le faire très rapidement mais de là, à ce qu’elle éprouve… Je ne préfère pas y penser parce que selon moi, la première émotion qu’elle éprouvera, ce sera la peur de disparaître. Et elle fera donc tout, pour que ça n’arrive pas.

Quel message voulez-vous transmettre à vos spectateurs ?

Anaïs : « Le monde d’après » est en quelque sorte le monde que nous ne voulons pas connaitre. Je vais donc citer Gilles Lamer, qui a les mots justes « La connaissance n’est pas le pouvoir, mais elle est liberté ».

Mike : « Le monde d’après » on le construit aujourd’hui. Oser.

Inna Goldstein

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