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“Fear is the Key“ de Richard Beer: un thriller palpitant créé en collaboration avec l’Intelligence Artificielle

Richard Beer, journaliste et auteur franco-suédois, connu sous le pseudonyme de Lars Amber, présente son nouveau projet : un thriller écrit en collaboration avec le programme de traitement automatique du langage naturel GPT-2.

GPT-2 est un modèle NLP (Natural Language processing) basé sur des méthodes de Machine Learning. Cet outil est capable de compléter et générer le texte ayant une cohérence syntaxique, grammaticale et informative. Le modèle peut lire et comprendre un texte, le retranscrire, le résumer et est même capable de répondre à des questions concernant sa structure ou les informations qu’il contient.

L’œuvre « Fear is the Key » est un projet pilote de la fiction de l’ère COVID, mais Richard Beer ne doute pas que ce genre de fiction trouvera bientôt ses amateurs. Selon Richard Beer son thriller « Fear is the Key » est unique : c’est un premier roman complet et “compréhensible” crée à l’aide de IA et son récit est cohérent du premier au dernier paragraphe.

L’auteur nous présente sa vision de « Centaur Book », le nouveau genre littéraire issu de collaboration interactive entre les ordinateurs et les humains.

Qui vous a inspiré pour le lancement de ce projet ?

Jason Boog est un confrère californien, correspondant sur la Côte Ouest américaine de Publishers Weekly et un véritable aficionado de l´IA. Celui-ci a contribué à cette nouvelle forme d´écriture à travers sa participation à NaNoGenMo, une épreuve informelle annuelle pour geeks et codeurs. Oui, on peut dire que Jason, que j´accompagne sur Medium et Towards Data Science, m´a poussé à réaliser Fear is the Key. Mais aussi la nouvelle japonaise « Le jour où un ordinateur écrira un roman », co-écrite par une équipe de chercheurs et une intelligence artificielle. J´ai simplement amplifié le défi pour qu´il devienne « mainstream », grâce à une technologie en constante évolution

Comment vous pouvez identifier le genre littéraire de votre livre « Fear is the Key » et pourquoi vous l’avez choisi ?

Mon roman est un thriller contemporain, mélangeant technologie, économie et géopolitique. C´est le genre que j´écris déjà en tant qu´écrivain conventionnel en Suède. Mais ce projet de roman fait lui-même partie de l´histoire racontée : le héros est un journaliste qui écrit le premier roman avec une IA et qui « tient debout ». En faisant une tournée de conférences, il va connaître une mystérieuse association de gens puissants dont le but est de sauver la planète des changements climatiques. Pour ce faire, elle va s´appuyer sur un nouveau type d´algorithme ayant la capacité de s´auto-perfectionner. Le héros va découvrir qu´il y a un lien avec l´écriture de son roman, car le jour où une machine arrive à générer tout un roman original et cohérent par lui-même, nous aurons atteint l´intelligence générale artificielle (IGA), par définition plus intelligente que les humains. Le langage est la clef. Tout est donc pour le mieux dans le meilleur des mondes ? Mais pas du tout ! La technologie peut être presque parfaite, les humains ne le seront jamais…

Comment l’intrigue de l’histoire et ses personnages principaux ont-ils été créés : ont-ils été inspirés par l’IA ?

Grosso modo, il y a deux approches lorsqu´un écrivain travaille avec une intelligence artificielle. Soit vous laissez celle-ci formuler l´intrigue (à partir de données qui lui ont été fournies, par exemple tous les volumes d´Harry Potter). Soit c´est vous-même qui établissez des contours précis. J´ai suivi, tout comme les chercheurs japonais d´ailleurs, la seconde voie, à mon sens l´unique possible aujourd´hui pour écrire un roman entier par IA dans un contexte précis, de réalités tangibles. Cela dit, la trame a été considérablement enrichie par les apports non humains. Avec mon prochain roman par IA, qui sera sans doute plus fantasmagorique et auxilié par le modèle de langage GPT-3 (avec cent fois plus de paramètres que son prédécesseur employée cette fois-ci) je laisserai la machine prendre plus de libertés!

Les œuvres créées par l’Intelligence Artificielle sont généralement critiquées pour leur manque d’émotions et de leur incapacité à comprendre les comportements humains impulsifs ou irrationnels. Pensez-vous qu’un jour l’IA sera capable de créer des romans qui exprimeront les sentiments humains de la même manière émotionnelle que la fiction écrite par les humains ?

En effet, aucun modèle de langage ne sait raisonner ou exprimer de véritables émotions. Mais ils peuvent en créer l´impression ou plutôt l´illusion. Fait notable, les premiers lecteurs de Fear is the Key, en cours de lecture, ne savent pas distinguer les passages IA de ceux écrits par moi! 

Quelle est votre vision de l’avenir de ce nouveau genre « Centaur Book » conçu par l’IA ? Quelles opportunités pourrait-elle offrir aux écrivains humains ? 

Au-delà de l´imitation, ces modèles sont déjà créatifs, et peuvent donner des impulsions, des inspirations intéressantes, aux écrivains. C´est leur véritable utilité littéraire. Toutefois, d´ici quelques années, ils pourront certainement écrire par eux-mêmes des suites à des séries télévisées et probablement des petits romans standardisés dans le genre Fantasy, par exemple. Il va falloir attendre au moins l´an 2050 cependant, lorsque nous aurons atteint l´IGA, pour les voir postuler solo au Prix Nobel de littérature. Ça ne me fait pas peur!

Le premier Centaur book de Richard Beer sera lancé bientôt en e-book et en version papier chez Amazon.

Inna Goldstein

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